Le 10 octobre 2009, la journée du gigot-bitume en IdFN

            Les activités d'Amico reprennent traditionnellement en octobre et cette année, la Direction Amico IdFN a fait fort, en organisant dans une belle propriété de l'Oise, à Fresneaux-Montchevreuil, une journée "gigot-bitume", agrémentée de diverses activités.

            La chasse était ouverte et le talent cynégétique des participants s'est traduit par un tableau de chasse moyen, aux dires des responsables de l'opération.

            La veille, il y avait aussi la journée des golfeurs, sur le parcours du Club de Rebetz dont notre ami Roger Delobbe se fera sûrement l'écho.

            Le matin, un autocar gratuit attendait porte Maillot, tous ceux qui voulaient l'emprunter. Il fut ponctuel, sécurisant et confortable. Et à 10h30, nous avons pu, comme prévu, commencer notre visite du Musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru (Oise).

Installé dans la belle usine Dégremont, du 19ème siècle, joliment remise en état au goût du jour, elle rappelle que la région s'était taillée dès le 17ème s. une solide réputation dans le traitement de la nacre et des bois exotiques, pour faire des boutons et de la tabletterie. Aux meilleures heures, vers 1910, une cinquantaine de petites usines employaient jusqu'à 15000 personnes dans la région. Aujourd'hui, il ne reste que 4 ouvriers qui fabriquent avec grand talent, les objets que le musée offre à la vente!

            L'usine employait donc de la nacre épaisse et importait pour cela , du bout du monde, de gros coquillages dans lesquels on pouvait découper des petits cylindres qui deviendraient boutons, ou des plaquettes pour la tabletterie. Ormeaux de Nouvelles Zélande et du Mexique., rocas de Singapour, calédos de Nouvelle Calédonie constituaient la riche matière première. L'Australie, Tahiti, Madagascar en fournissaient aussi. Comme 70% des coquilles partaient en déchets, il n'est pas étonnant de constater que toutes les routes de la région comportent aujourd'hui des fondations en débris de coquillages rares.

L'usine importait également des bois exotiques, comme l'ébène, ou des os blancs d'Argentine et des Etats Unis, pour faire des dominos ou de la marqueterie. Un petit atelier équipé du matériel approprié était réservé à ces activités particulières.

            L'essentiel de l'usine était consacré à la fabrication des boutons de nacre. Jusqu'en 1963, l'énergie pour faire tourner les machines était fournie par une chaudière à bois (10 stères de bois par jour), toujours visible, qui envoyait sa vapeur dans une machine munie d'un gros piston et d'un emblématique régulateur de Watt, qui date l'installation. Pour faire vrai, un petit compresseur moderne fait aujourd'hui office de chaudière. La guide le démarre et le grand volant se met à tourner comme au temps de Mr Dégremont. Il entraîne du même coup, par une succession de courroies, de poulies et d'arbres, de nombreuses petites machines, chacune adaptée à une fonction particulière. A la bonne époque, 80 ouvriers (ères) contrôlaient les petits tours, meules et perceuses de l'atelier principal, bravant l'atmosphère polluée à outrance par la poussière de nacre et le bruit.

            Voyons les différentes étapes de la fabrication de ces petits chef d'œuvre que sont les boutons de nacre:

Le découpage au tour permet d'obtenir des petits cylindres qui préfigurent les futurs boutons.

Le méchage donne le relief au bouton, en creux ou bombé.

Le gravage le décore, par exemple, en le déplaçant par 1/6 ème de tour devant une fine meule.

Le perçage des 4 trous s'obtient en le déplaçant 4 fois de ¼ de tour devant un petit foret

Le ponçage s'opère dans des tonneaux qui tournent plusieurs heures avec une pâte abrasive.

Puis les boutons sont lavés, triés suivant leur couleur et leur éclat, en différentes qualités.

            A l'étage, un autre atelier alimenté en énergie par un ancien diesel, est réservé à la tabletterie. On y taille des plaquettes de nacre, d'os ou d'ivoire, collées sur toutes sortes de supports, pour faire des éventails, des lunettes de théâtre, des boîtes, colliers, bagues, manches de couteaux et fourchettes….

            La visite se termine par l'exposition d'une superbe collection d'éventails et d'objets divers en nacre. Elle fut très intéressante car elle nous a plongés quelques instants dans une ambiance artisanale que nous n'imaginons plus guère. Nous avons visité une usine et pourtant on ressent à tout instant que c'est le tour de main de l'ouvrier qui fait la qualité du produit.

            Pendant ce temps, J. Labigne et ses aides nous préparaient un savoureux gigot-bitume pour les 52 amicos que nous étions. Nous avons quitté cette visite pour nous retrouver tous, chasseurs, golfeurs et visiteurs de musée, dans la belle salle Montchevreuil du domaine de la Muette.   Le repas fut convivial et suivi de la remise des diplômes de l'Ordre du Gigot-Bitume. L'accueil et cette cérémonie furent magistralement accompagnés par un groupe de sonneurs de cor de chasse, en habits traditionnels.

Un grand MERCI   à JP Picard, G. Zaysser, D. Drouin, et à tous ceux qui, de près ou de loin, se sont décarcassés pour que cette rencontre soit réussie et elle le fut.

Claude Riobé