Les Amicos ldFN et la Pologne du 24 au 31 mai 2008

La Pologne est un pays relativement plat, sauf au sud où la chaîne des Tatras, dans le massif des Carpates, culmine à 2500m. Notre voyage a consisté à découvrir les villes de Cracovie dans le sud et Varsovie au centre du pays. Nous avons fait une incursion à Zacopane dans les Tatras et un arrêt des quelques heures au sanctuaire de Szestokowa. Le temps s'est montré toujours clément, ce qui nous a donné l'occasion de bonnes marches.

Cracovie n'a pas été très endommagée par la guerre, et les immeubles qui constituent le tissu urbain, aux corniches décoratives, sont beaux mais souvent lépreux et peu entretenus depuis leur construction. Il existait des fortifications qui ont été heureusement démolies et remplacées par la superbe ceinture verte des Planty, qui permet à la ville de bien respirer. La vieille ville, très active, se campe autour de "la Place du Marché", qui fût longtemps la plus vaste place médiévale d'Europe. Au centre, "la Halle aux Draps", spécialisée en la matière dès le 14ème s. est aujourd'hui spécialisée dans le commerce de l`ambre (naturel ou faux l) _ Son architecture avec des arcades renaissance tout autour du bâtiment, se prête bien au petit commerce. Les cafés et petits restos qui empiètent sur la place, les calèches de luxe, les étales et petites boutiques, les promeneurs nonchalants, les odeurs de beignets, la mariée en robe blanche, qui doit traverser la place avec ses demoiselles d'honneur et sa longue file d'invités, pour aller se faire bénir à la cathédrale, ses statues vivantes impressionnantes et ses saltimbanques, tout cela met une ambiance à mi-chemin entre la fête foraine, le vin chaud des marchés de Noël et la fête médiévale.

Du centre de la place, tête en l'air vers les deux grandes tours rouges de la cathédrale Notre Dame, on peut assister jour et nuit, toute l'année, au cérémonial du "hejnal" par lequel, toutes les heures, on entend un vrai guetteur lancer une mélodie de 5 notes de trompette vers les quatre points cardinaux, rappelant depuis la fin du l4°'“° s. l'ouverture et la fermeture des portes de la ville, ainsi que l'observation d'un guetteur qui annonçait l'incursion des hordes tatares. La légende dit qu'avertissant de l'arrivée de l'une d'elles, le guetteur reçut une flèche dans la gorge, et que la mélodie en fut inachevée l A l'intérieur de la cathédrale Notre Dame, le magnifique retable de Veit Stoss du 15ème s. relate des scènes de la vie du Christ. Cet artiste mit 12 ans pour le sculpter (1477-1489).

Le dimanche matin 25 mai, nous visitons le château de Wawel , qui s'étale sur une colline surplombant la Vistule. Les constructions de briques rouges contrastent harmonieusement avec les toitures, donjons et coupoles de cuivre vert-de-grisé. L'une d'elle est dorée de 40 kg d'or. Dans la cour intérieure, la construction est une pure merveille de l'art italien de la Renaissance, avec ses trois galeries superposées, aux colonnes graciles, qui semblent défier les lois de l'équilibre. Le château est un musée national. L'intérieur est "renaissance italienne". Il fut habité par la famille royale du début du 17°” ssa* l905. Les collections actuelles sont d'époque mais pas d'origine. Des tapisseries d'Aubusson, des coffres, des tableaux italiens, de grands poêles de faïence... La salle du Trône est curieuse avec son plafond en caissons, comportant des têtes au milieu de chaque caisson, têtes de riches, de pauvres, d'hommes, de femmes et tête bâillonnée. 144 tapisseries dont plusieurs reprennent le thème de l'Arche de Noé, l'embarquement des animaux, la fin du déluge. _ . .Certaines salles sont entièrement tapissées de cuir de Cordoue. Dans l'enceinte du château, la Cathédrale Royale est restée telle qu'à sa consécration en 1364 aux saints Stanislas et Venceslas. Jean Paul Il y disait souvent la messe. A l'extérieur de gros os antédiluviens, suspendus à de lourdes chaînes, visaient à écarter les forces maléñques annonçant la fin du monde et de l'humanité l A l'intérieur, on remarque en particulier, l'autel è St Stanislas, patron de la Pologne, et la chapelle Sigismond, pur chef d'œuvre de l'architecture Renaissance en Pologne.

A Wieliezka, nous descendons dans une mine de sel gemme: Des 300km de galeries, nous n'en avons visite' que 3 km 1 Profonde de 327 m, nous ne descendrons qu'à 137 m par 800 marches d'un escalier qui semble infini. Les galeries sont bien étayées. Tout est propre et tout est en sel, y compris le carrelage au sol. On trouve le sel au 13 ème s. et le *gisement est exploité depuis 7 siècles, de 1473 à 1973. Après avoir fourni de l`activité à 1200 personnes, aujourd'hui ce sont 4000 à 8000 visiteurs par jour, qui parcourent ces galeries et à qui il faut fournir toute une logistique. f Petits lacs salins, profonds puits, l'apothéose de la visite est sûrement dans la dernière salle de 54 m de long, la chapelle de la bienheureuse Cunégonde, illuminée par de beaux lustres en cristaux de sel et réalisée en 30 ans. De nombreuses scènes grandeur nature, ont été reconstituées en sel, comme un chantier de la mine, avec son cheval qui restait sous terre , les petits nains de la montagne, la chapelle St Croix , la chapelle Ste Barbe, patronne des mineurs, la naissance de Jésus, la fuite en Egypte, le massacre des innocents , la Cène, de multiples statues dont celle de Jean Paul H, la belle chapelle St Jean Dans la grande salle dont le plafond est bien à 30 m de haut, nous avons pris une photo de notre groupe dont on a peine a se dire que tout ce qu'on voit est en sel, sauf nous!

Le lundi 26 mai, nous allons à Zakopane, petite station d'hiver des Tatras. En architecture, le bois y est à l'honneur. Nous visitons une belle et ancienne petite église décorée d'icônes sur verre et d`une reproduction de la Vierge Noire de Czestokowa au dessus de l'autel A côté de l'église, un curieux cimetière très fleuri, aux stèles toutes différentes et originales, le panthéon des grands alpinistes et guides de montagne de la région. La maison Koliba est typique du style architectural en bois, de Zakopane. A l`intérieur, la pièce blanche réservée aux mariages et la pièce noire, enfumée, à la vie de tous les jours. Immense marché Au restaurant "Bakowo", le goulasch est copieux.

Sur le chemin du retour, nous visitons la merveilleuse petite église de Debno, dite de l'Archange St Michel, inscrite au patrimoine de l'Unesco. Construite en mélèze vers 1450, son clocher de bois, ressemble à une tour de guet médiévale et la charpente est assemblée par chevillage. Chaque poutre a une décoration particulière et les peintures murales une polychromie du XVème s. en 77 dessins différents et 33 couleurs qui ont conservé intactes leur vigueur chromatique. Un superbe triptyque de la même époque et un crucifix de 1380, concourent à la décoration. Le prêtre nous a joué du tympanon, sorte de xylophone du Vème s., dont la sonorité est extraordinaire et qui était utilisé autrefois à la place des clochettes.

Une échappée, dans le parc national des Pieniny, pour descendre en radeau les gorges de la rivière Dunajec, La descente est lente, un peu longue (2 heures), mais les paysages traversés sont splendides. Cette opération, dans une ambiance chaleureuse, nous a donné l'occasion de franches rigolades.

Mardi 27 mai, une partie du groupe a choisi d'aller à Auschwitz et Birkenau, synonymes de la barbarie nazie et symboles de l'Holocauste. Cette éprouvante visite complète, pour notre information, les commentaires que notre guide ne peut s'empêcher de faire souvent sur cette période catastrophique de notre civilisation, et on la comprend. L'après midi, nous parcourons les rues étroites de l'ancien quartier Juif de Kazimierz, fondé en 1335, du nom du roi_Casimir le Grand qui aimait follement Esther, une jolie jeune fille juive de ce village. Au 17eme s. il était très commerçant et prospère. C`était l'un des plus riches villages de 4 Pologne, et, pendant la dernière guerre, s'il a subi les exactions des allemands, il n'a pas été rasé comme celui de Varsovie. Il reste encore de nombreux témoins de cette prospérité. Le Rynek, grande place pavée, autrefois entourée de maisons de bois, est bordée aujourd'hui de belles maisons de pierres. C'est dans ce quartier que lüt tourné le fameux film " La liste de Schindler" qui défraya la chronique vers 1989. Nous passons quelques instants dans l'ancienne synagogue Remuth, construite au l7°m° s. détruite par les nazis et reconstruite après la guerre. A côté, un ancien cimetière juif dont certaines tombes remontent au 15€" s. Un peu plus loin, le marché juif dont les commerçants s'attachent à respecter les coutumes ancestrales. Le soir, nous dînons au restaurant juif Arka Noego, mais rien de bien typique nous est servi hormis la musique assourdissante ! *

Le mercredi 28 mai, nous prenons la direction de Varsovie et traversons la Haute Silésie, avec ses complexes industriels, charbon, acier et montage d'autos, que Staline a fait développer dans une région passablement verdoyante. On y voit peu de cultures. Un peu de pommes de terre, un peu de céréales et de grandes landes pour faire du foin pour des vaches qu'on ne voit pas!

Czestochowa. Le plus grand sanctuaire marial d'Europe, qu'ils disent l Au 13°” s. cette bourgade, sur les bords de la Warta, excellait dans l'extraction et le traitement du minerai de fer. Puis, au lóème s. l'édification du couvent de Jasna Gora, pour les frères pauliniens et la protection de la fameuse icône de la Vierge Noire, en ñrent un lieu de pèlerinage fort réputé. Aujourd'hui, plus de 5 millions de pèlerins, se rendent chaque année dans ce sanctuaire. Mais le point fort de cette visite, outre l'icône de la Vierge, bien sûr, est incontestablement un chemin de croix moderne, peint par Jerzy Duda Gracz, qui fait ressortir par une dizaine de grands tableaux, la relation évidente que l'on peut voir entre toutes les misères du monde actuel et les souffrances du Christ au cours de sa Passion. Bon déjeuner à la truite à Czestochowa. ~

A Varsovie, tour de ville en car. Nous remarquons un grand nombre d'immeubles modernes et la tour, cadeau des soviets aux frères polonais qui reconstruisaient leur capitale l Puis nous avons descendu les rues piétonnes Nowy Swiat et Krakowskie Przedmiescie, en cours de travaux, avant de découvrir notre hôtel de luxe "Mazurka "_ (Bravo Gérard)

Jeudi 29 mai, visite guidée de la vieille ville. La grande place du marché est bordée tout autour d'immeubles anciens aux couleurs chatoyantes les plus diverses. Nous visionnons un film sur le passé récent de Varsovie qui nous montre l'ampleur de la tâche réservée aux reconstructeurs. _ La cathédrale St Jean Baptiste (1370), a été reconstruite en 1956, panthéon national, regroupe de nombreux gisants Le château royal, de briques rouges, fidèlement reconstruit après la guerre. Salles des Chevaliers, du Trône, d'Audience, du Couronnement, de Marbre blanc de Carrare.....On y voit les tableaux de Canalletto qui ont servi aux reconstructeurs pour refaire à l'identique le centre de la vieille ville qui avait été rasé par les allemands en 1942. A l'Académie des Beaux Arts, l'ancien salon de la famille Chopin y est reconstitué. On y voit des objets, dessins et pianos ayant appartenu à Frédéric. L'église de la Ste Croix abrite son cœur.

Le vendredi 30 mai, , excursion a Zelazowa Wola , le manoir natal de Frédéric Chopin. Il ,reste peu de choses lui ayant réellement appartenu. Une curiosité: un piano girafe avec un coffre vertical. Puis, nous allons visiter le palais de Nieborow, de style rococo, dont l'entree et le hall sont tapissés de 8000 carreaux de Delfi. Belle décoration intérieure en soie. l *e È 1 Nous déjeunons chez l'habitant, dans un site gaulois fortifié, construit vers l'an 200 _ Le propriétaire, architecte écolo, plein de projets d'am<-ínagement, nous a fait une cuisine simple et savoureuse, dans une ambiance sympathique et chaleureuse. Le soir, le dîner est aussi délicieux au “Delicja Polska" _ Puis nous assistons à un concert Chopin, pour nous seuls, les 22 amicos, produit par un artiste de talent et de grande virtuosité: ballade, nocturne, valses et mazurka nous ont ravis, et le récital s'est tennine' en apothéose par la Grande Polonaise et un Impromptu fantaisie.

Samedi 31 mai,encore une petite visite de château avant de prendre l'avion. Le palais royal de Wilanow, perle du baroque polonais. De couleur jaune et blanc gris, il tranche sur le paysage verdoyant et les jardins à la française. Beaucoup d'objets et de peintures de notre pays (dont le lit aménagé pour de Gaulle qui y fût reçu). 43 appartements, dont la décoration est recherchée et de bon goût, mais trop surchargée de tableaux .Ce château a appartenu au roi Jean III Sobieski, dont le cénotaphe est a l`entrée de la propriété. 

Après ces journées agréables et instructives de découverte d'un pays attachant, aux gens courageux, dont le passé est pesant, il fallut nous résoudre à aller prendre notre avion. Un grand " Merci" à Gérard, qui nous a concocté ce voyage qui a bien marché, avec une guide un peu irascible, mais compétente et très intéressante.

C.Riobé